La préparation de son travail est une étape indispensable, qui demande patience, minutie et organisation. Cette phase est bien souvent critiquée par nombre de couturières. Pour ma part, c’est un moment de détente et de projection sur le vêtement fini. Alors, pour toux ceux et celles qui transpirent rien qu’à l’idée de reporter un patron, je vous donne quelques astuces afin que vous arriviez à prendre plaisir lors de cette étape (ne levez pas les yeux au ciel, je vous assure que c’est possible !).
Tout d’abord, si vous n’avez pas d’atelier, installez-vous dans un endroit où vous serez au calme. Que ce soit un patron PDF que vous avez assemblé, ou une planche de patron, il vous faudra de l’espace (une grande table assez haute afin d’éviter de vous pencher et donc de vous abimer le dos serait vraiment la meilleure option, mais je sais que ce n’est pas un luxe possible pour tout le monde).
Qui plus est, j’aime toujours me mettre une petite série sur Netflix (une série ou un film qui ne demande pas beaucoup de réflexion) ou un bon podcast (je peux vous conseiller « Regard » de Birchbox, mais aussi ceux de Cornelia Dixit, ou bien « Génération XX »). Le thé ou le café fumant est également un indispensable (faites juste bien attention de ne pas le renverser sur votre travail… Les accidents sont vite arrivés).
Pour votre matériel, vous aurez besoin d’un critérium à mine fine, une gomme (on se sait jamais), une petite et une grande règle, une équerre et un pistolet. Le pistolet permet de reporter les courbes (encolure, emmanchure, etc.). Il vous faudra également du papier calque pour patron.
Un patron ne doit jamais être reporté à main levée. Chaque ligne se trace avec l’outil adapté (règle, équerre, pistolet). Vous allez mettre, en effet, deux fois plus de temps que si vous le faisiez à main levée, mais la qualité de votre travail ne sera clairement pas le même. De plus, cela vous apprend les bases du patronage. Vous allez plus facilement comprendre comment se monte le vêtement si vous avez compris comment sont construites les pièces. Il est également très important de reporter tous les crans de repère et les pinces.
Si les marges de couture ne sont pas incluses dans le patron, il faut les créer sur le papier. Découper son tissu à l’œil, sans avoir reporté les marges de couture sur papier, en pensant que les mesures ont été respectées, c’est comme penser qu’on peut manger une dizaine de crèmes glacées en quatre jours et qu’on va toujours rentrer sans problème dans son jean slim… Croyez-moi !
Il est important que le papier calque ne bouge pas sur le patron. Vous pouvez vous aider de poids ou comme moi, d’épingles. Une bonne luminosité est également indispensable. D’une part, afin d’éviter de vous abimer les yeux, et d’autre part, certaines lignes de taille ne sont pas toujours faciles à différencier. En bref, facilitez-vous le travail en vous mettant dans les meilleures conditions possibles.
Il m’est déjà arrivée de passer plus de trois ou quatre heures sur du décalquage de patron (pour des manteaux ou des vestes par exemple). Parce que oui, chaque trait doit être tracé avec un instrument. Le plus long souvent, c’est de trouver la bonne partie du pistolet à utiliser. Les courbes ne sont pas simples. Et puis reporter des marges de couture demande double de temps. Mais vous allez gagner en précision. Dites-vous que 2 mm par-ci, 2 mm par-là peut au final vous rajouter une taille et totalement modifier le vêtement final. Vous pourrez mettre tout votre cœur durant la couture, si vous n’avez pas respecté ses règles de patronage, vous risquez de vous retrouver avec une cousette importable.
Sur chaque pièce que vous aurez décalqué, il est important de noter :
Le nom du patron
La taille
Le numéro de la pièce et sa dénomination
Le droit fil
Comment elle doit être découper (ex : couper deux fois dans le tissu ou couper une fois au pli)
Et bien sûr tous les repères comme j’ai pu déjà vous le dire.
Prenez le temps de vérifier que toutes vos pièces s’assemblent correctement. S’il y a un décalage, c’est le moment de voir si c’est une erreur de votre part ou si elle provient du patron. Et ainsi de faire les modifications nécessaires. C’est également à ce moment que vous pouvez adapter le patron à votre morphologie.
Une fois votre joli patron bien décalqué et découpé (avec des ciseaux pour papier), il vous faut découper votre tissu avec autant de minutie. Tissu qui bien sûr aura été lavé selon les conseils de votre mercerie et repassé avec soin. Positionnez vos pièces selon le plan de coupe ou selon votre inspiration. Seule règle : respecter le droit fil ! Particulièrement si votre tissu est à motif. Essayez également de placer vos pièces afin de ne pas perdre trop de tissu. Notre planète s’en portera toujours mieux, et vous, vous aurez peut-être de quoi vous faire une petite culotte avec le reste de tissu !
Le patron doit être fixé au tissu. Ici encore, certaines personnes aiment poser des poids. Moi, je suis de la team épingles. C’est une fois de plus chronophage mais je trouve que la découpe est plus précise. Quand vous épinglez votre patron à votre tissu, attention de ne pas trop soulever le tout en voulant mettre les épingles. Vous risquez de déplacer votre tissu. C’est un geste qui viendra avec le temps et qui vous paraîtra tout à fait anodin d’ici peu.
Le choix de vos ciseaux est très important. Utilisez des ciseaux bien aiguisé, et fait pour la couture. Pour celles qui ont osées utiliser des ciseaux ordinaires pour papier afin de découper du tissu, je vous demanderai de bien réfléchir à ce geste criminel… Et de ne jamais recommencer !
Utiliser des ciseaux pour découper votre tissu, en prenant bien votre temps, et utiliser une autre paire de ciseaux plus petite, à bout plus pointu, afin de cranter vos repères (sur 0.5 cm si vos marges de couture sont de 1 cm). Chaque paire de ciseaux doit avoir sa mission.
Pour reporter des pinces, je vous conseille de cranter l’extrémité de la pince aux deux endroits notés sur le patron. Et de passer un fil de couleur contrastante sur la pointe de la pince. Vous pourrez tracer au stylo Frixon ou à la craie votre ligne de couture sur le tissu une fois vos deux crans superposés afin de créer votre pince.
Si vous avez découpé du thermocollant, fixez-le sur le tissu comme indiqué sur le patron quelques heures avant de coudre la pièce. Il est important que la colle soit bien séche si vous voulez que le thermocollant tienne dans le temps.
Je pense vous avoir donné les bases de préparation de couture. Ce qui est important, c’est d’être patient(e) et de ne pas se décourager. Prenez plaisir à faire ce que vous faites. Le but n’est pas d’avoir un vêtement mal coupé à la fin de la journée, c’est d’avoir une belle pièce dans votre placard que vous aurez plaisir à porter pendant plusieurs années parce que vous aurez pris le temps nécessaire de bien faire.
Je vous embrasse, en espérant que votre prochain café fumant soit pour vous accompagner lors d’un projet couture…